Style "enluminure"

"Enluminer" veut dire "mettre en lumière".

Les enluminures les plus connues sont sans doute celles de la fin du Moyen-Age. On compte à cela quelques exceptions remarquable comme le Livre de Kells, aux sublimes arabesques, ou bien les lettrines, petites images spécifiquement rattachées à un paragrahe, mais dans l'ensemble, le grand public est plus intéressé par les superbes pages minusculement (et superbement) illustrées du XIV et du XV° que par les images plus simples et bien souvent plus petites des périodes précédentes.

Seulement, si à la fin du Moyen-Age on travaille plus finement... On cesse, à cette période, d'employer l'image pour éclairer la page.  Les planches deviennent grand format, elles sont encadrées d'une bordure qui les met elles en valeur, et parfois d'autres petits dessins qui forment avec elle une "bande dessinée", ou tout au moins, une histoire en images.

Je me réfère aux images de la période où l'enluminure sert à éclairer...

Techniquement, c'est un peu idiot de dire ça. Car enfin, ce que je fais est de la "pleine page"... Mais j'avoue que ça ne me déplairait pas de réaliser une image liée à du texte... J'en ai d'ailleurs déjà fait, mais pour l'heure, je me contente de perfectionner ma technique sur des pleines pages.

La disposition des lignes harmoniques dans l'image est primordiale, en enluminure. Pour ceux qui s'y connaisent de ce côté-là, je dirais que les difficultés et impératifs de précision et de disposition sont voisins de ceux du Manga. Dans les deux cas, il faut que l'image percute l'esprit sitôt que le regard se pose dessus. Avant même d'avoir analysé l'image, on doit ressentir les sensations voulues.

Ce que je fais n'est pas comparable à l'enluminure médiévale, d'un point de vue technique.

Mes "enluminures" sont dessinées d'abord au trait épuré, sans y rajouter de lignes hachurées, avec mon habituel crayon à encre de Chine. Les lignes surépaissies que j'y incorpore seraient, sur une vraie enluminure, placées à la fin de la mise en couleur, car on commence par les couleurs claires. L'enlumineur médiéval, s'il dispose d'une mine de plomb, là où moi j'emploie le crayon HB passe directement à la couleur, là où moi je commence par repasser les contours. Ses peintures à lui sont préparées juste avant usage, avec des pigments naturels et des liants tels que de l'ail ou de l'oeuf. Les miennes sont de l'aquarelle. Les siennes en se superposant, recouvrent d'une couche opaque les traits de préparation et d'éventuelles erreurs. Les miennes sont très translucides, ce qui interdit parfois les repentirs, mais n'ont strictement aucune ligne parasite à faire disparaître puisque j'ai évacué cela précédemment.

La similitude ne sera donc au final que graphique.