L'homme aux mains qui brillent (5)

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Chap 1 (suite)

Chaque clan enverrait dix jeunes guerriers. Parmi eux, on tirerait au sort les quatre qui se verraient consacrés à l'Esprit-Dragon et accompagneraient Luagar. Luagar recevrait lui aussi la marque de l'Esprit-Dragon, non pour le consacrer, car il l'était déjà de par la volonté de l'esprit, mais pour que la chose soit évidente à qui le verrait. On lui remettrait, en outre, le diadème fait avec les dents du bébé dragon.

Tout cela fut approuvé puis quelqu'un suggéra que, pour montrer sa bonne volonté, le clan de Dans La Rivière pouvait rendre la griffe de dragon au clan de la Falaise Brisée. Cela provoqua une houle, puis un grondement. Il ne pouvait en être question. Cette griffe était un trophée que les guerriers du clan de Dans La Rivière avaient pris à celui de la Falaise Brisée. Elle leur appartenait.

Luagar n'était ni un chef, ni un ancien et était loin de l'être. Il n'était pas supposé parler au conseil sans être interrogé. Il osa, pourtant.

- « Alors qu'on la pose à la limite entre nos clans et qu'on la recouvre de rochers ! »

Un silence tomba, long et pesant, à cause de ce qu'il venait de proposer d'abord et à cause du fait qu'il avait osé parler ensuite.

Finalement, le plus ancien des anciens approuva, et petit à petit, en hésitant plus ou moins, les autres le suivirent.

Dans les jours qui suivirent, le village s'activa pour que Luagar et ses compagnons aient de bons habits, des armes solides et des sacs de voyage bien remplis. Au jour dit, les jeunes guerriers des autres clans se présentèrent devant le fossé des portes du village et on procéda au tirage au sort.

Les esprits désignèrent d'abord Dusiak, du clan des Roseaux Qui Chantent, puis Oliark, du clan du Marais Noir, puis Hugarh, du clan des Ours De Pierre, enfin Ospiar, du clan de Dans La Rivière.

Ils passèrent la nuit dans la hutte aux esprits. Les anciens leur avaient remis des herbes à jeter dans le feu afin que l'Esprit-Dragon aie plus facile à entrer en eux. Aucun ne devait dormir, et aucun ne le fit. La nuit, sûrement, était plus mauvaise encore que de coutume car Luagar, qui se tenait dos à la portière de la hutte, eut plusieurs fois la nette impression d'avoir senti l'odeur d'un loup. Mais il ne devait pas s'en préoccuper. Au matin, son torse recevrait une marque qui ferait de lui autre chose qu'un humain. Les loups ne s'attaquent pas aux dragons... Et quand il sortirait de cette hutte, il serait un dragon. Plus rien ne serait pareil.

La cérémonie se déroula dans un silence absolu, qui rendait encore plus terrible la brume qui, ce jour-là, refusait de quitter le sol, faute de vent pour la chasser. La neige était restée au sol, aussi, et on s'y enfonçait si fort que plusieurs femmes avaient interdit à leurs plus jeunes enfants de venir à la fête. Pas un craquement, ni un sifflement dans le camp. Le vent oubliait de secouer les huttes. Luagar reçut sa marque le premier, et retint à grand-peine un hurlement de douleur. Mais il était celui que l'esprit avait désigné, et le chef de l'expédition, il ne devait pas faillir. Il se redressa, essayant de tout son être paraître n'avoir rien senti. Les larmes qui lui avaient monté aux yeux gelèrent sur ses joues pendant que le plus ancien des anciens et le chef apposaient la marque à Dusiak. Luagar fut tenté de regarder pour voir comment il réagissait, mais il se contint. Déjà c'était le tour d'Oliark. Un gémissement se fit entendre. Hugarh ne put retenir un cri, un vrai de vrai. Enfin ce fut le tour d'Ospiar. Enfin, le diadème fut noué autour du front de Luagar qui ne devrait plus le retirer avant d'atteint son but. Alors ils eurent le droit de se faire à nouveau face. Ils en avaient longuement eu l'occasion, durant la nuit... Mais les faibles lueurs des braises ne leurs avaient guère permis de se dévisager.

La marque brûlait encore Luagar de son feu. Ospiar, qui venait pourtant de subir l'épreuve, ne semblait la supporter mieux. Cela augurait au moins une chose de lui : son endurance. Pour le reste... Son appartenance au clan de Dans La Rivière n'inspirait pas confiance à Luagar. D'autre part, c'était un maigrelet dont le bras ne devait pas avoir beaucoup de force.

Hugarh, au contraire, était de stature déjà impressionnante, bien qu'il ne soit pas plus âgé que Luagar. Mais il avait moins bien supporté la marque.

Tout cela était hors de propos. A présent, ils allaient recevoir leurs armes, leurs habits de voyage, leurs sacoches de vivres et de remèdes... Tout le village allait festoyer tout le jour, pendant qu'eux se reposaient dans la maison du chef. Le soir, on les enfermerait à nouveau dans la hutte aux esprits. Ils devraient partir à l'aube.

*

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Comments

[la-louve-du-nord]

Ce que je n'avais pas compris était plus basique

c'est que le "la" était la griffe de dragon. Il y a un petit paragraphe et une grande image entre le "la" et la dernière référence à la griffe de dragon. J'aurais du comprendre mais je suis passée à côté.

Si tu avais écrit : Alors qu'on pose la griffe de dragon à la limite entre nos clans et qu'on la recouvre de rochers ! cela aurait été plus facile.

Je pense que j'aurais deviné l'idée de sanctuaire de frontière si j'avais compris mais comme tu me l'as dit, je ne sais plus.

merci

Je n'écris presque jamais mais j'aime beaucoup ce que tu fais

[la-louve-du-nord]

j'adore cette série et j'ai hâte de connaitre la suite.

Mais je n'ai pas compris ce que Luagar veut dire par ces paroles : « Alors qu'on la pose à la limite entre nos clans et qu'on la recouvre de rochers ! »