Appelez-moi "Mademoiselle" !
Aujourd'hui, j'ai reçu un mail adressé à "monsieur". Si j'étais mariée, j'aurais, je présume, appelé monsieur mon cher et tendre en me disant que ceci lui était destiné. Il se trouve que je suis célibataire, donc, le site qui m'a fait parvenir "ça", et qui pourtant m'avait donné le choix entre "Mr, Mme, Melle" était à côté de ses puces au moment où le mail est parti.
Dois-je me fâcher qu'on m'appele "monsieur" ? Adolescente, ça me mettait dans une rogne noire qu'on me prenne pour un garçon. Il faut préciser que je suis plate comme une limande, alors évidemment c'était fréquent... A présent, c'est plutôt rare. Je suis plate, mais féminine. Et fière d'être femme, j'ajouterais.
Je déteste les fanfreluches et le lèche-vitrine. Je ne me maquille que quand j'ai des cernes comme des valises et qu'il faut absolument cacher ça. J'ai très longtemps été une adepte du jean avec un pull par-dessus. Les pantalons taille basse et ma grande taille à moi m'ont amenée à la robe-tunique par-dessus le pantalon. Avoir un trou entre le T-shirt et le pantalon, ça fait comme qui dirait un courant d'air. J'aimais pas ça. Surtout en hiver. Maintenant, je suis passée au sarouel et au pantalon de survet'. Hyper-confortable pour s'asseoir dans n'importe quelle position.
En général, j'ai pas trop l'air d'un mec... Ca arrive, quand j'ai besoin de me mettre sérieusement en tenue crado pour un quelconque bricolage. En règle générale, je ne demande à mes fringues qu'une seule chose : que je m'y sente bien. Ah oui ! Les choix de couleurs ! J'ai cherché des années le bon truc et puis finalement, j'ai fini par limiter le nombre de coloris dans l'armoire pour ne pas avoir à me battre avec le linge au moment de la lessive. Mais on ne va pas entrer dans les détails, tout le monde connaît ça.
La femme a été pendant des milliers d'années le "sexe faible". Et alors ? Le chêne de la fable est bien avancé d'être plus fort que le roseau ! Alors oui, je suis fière d'être une femme... Mais si j'étais un homme, je serais tout autant fier d'être un homme. On est ce qu'on est. Ni plus ni moins. Une banale histoire de chromosomes et de course de vitesse entre des têtards microscopiques. On est bien peu d'choses n'es-pas ?
Ce mardi 21 février, v'là-t-y pas qu'on a annoncé la fin de l'intitulé "Mademoiselle".
Comment ? Qu'est-ce que ça veut dire ?
La première fois qu'on m'a appelée "Madame"... C'était il y a... Je ne sais plus. En tous cas, je me souviens biens de l'impression que j'ai ressentie. C'était dans une boulangerie. Il y a à peu près dix ans. Je me suis sentie vieille, très vieille... Comme si mon âge avait doublé ou triplé, d'un coup. A présent, cette sensation que j'ai eue ce jour-là me semble presque puérile... On me dit souvent "madame"... Mais je n'aime pas ça. A chaque fois qu'on me dit "madame", c'est comme si me m'offrait un bouquet de fleurs fanées. C'est sans aucun rapport avec ma réaction d'il y a dix ans. Entre temps, j'ai eu une sorte de phase d'indifférence interrogative... Mais...
Non, vraiment, non ! Je suis femme, et célibataire, et pour reprendre le terme employé sur son blog par Fulmina "célibattante" (quoique pas de la même façon qu'elle). Appelez-moi "Mademoiselle" !
D'aucuns prétendent que le terme "Mademoiselle" diminue celle à qui on l'attribue. Il ne diminue que celui qui pense ainsi ! "Mademoiselle" est un titre de noblesse. Ca n'est pas facile de vivre en tête-à-tête avec soi-même. Les jours passent avec des victoires et des défaites. Le mariage autrefois signifiait famille et enfants. Dans notre société moderne, il se rapproche de la notion d'amour entre deux personne. Le célibataire affronte la vie seul. C'est une grandeur qui en vaut une autre... Ce sont les les hommes célibataires qui devraient se sentir lésés : eux n'ont pas d'équivalent!
C'est bien gentil de ne plus offrir le choix entre "Mme" et "Melle" mais en vertu de quoi "Madame" aurait-il droit de priorité ? S'il ne faut en garder qu'un, ne serait-ce pas plutôt "Melle", en bonne logique ? Celui qui désigne la femme avant son mariage ? Et pourtant, c'est celui-la qui disparaît des actes administratifs... En attendant, selon certains, de disparaître pour de bon.
A la rigueur, je crois que j'aime encore mieux quand quelqu'un se trompe et m'appelle "monsieur" que quand on m'appelle "madame" en croyant me faire plaisir.
Edit... J'en remets une couche.
Et disparition aussi du "nom patronymique". On va dire "nom de naissance" ou "nom de famille" ? Mais depuis que l'enfant peut recevoir au choix le nom de la mère, du père ou composé, c'est nûr que "patronymique" n'a plus de sens. C'est tout ce qu'il y a de plus logique... Même si je soupçonne qu'on aie pas été chercher si loin. N'en reste pas moins que ça reste le nom qu'on garde pour la vie et que "madame", à moins de remonter au temps où on disait "mademoiselle" même aux femmes mariées encore jeunes, est l'intitulé qu'on donne aux femmes mariées.
Et les enfants alors ?
Pour l'administration, elles vont être quoi, les gamines qui entreront à l'école en septembre prochain, celles qui sont sorties de la maternité ces jours-ci ?
Je me voile la face, qu'au nom de la défense des droits de la femme on aie pu en venir à une telle absurdité.
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