Le front de Mélusine ...
Ambre, dans son commentaire de ce matin, demandait comment tient la pierre que Mélusine a sur le front et évoquait le "tilak" des hindoues.
Intégrer la pierre au front de ma fée serpente lui-même ne m'aurait pas plus dérangée que ça (j'ai ça dans mes tiroirs aussi, mais je n'en dis pas plus pour le moment). Seulement, comme je l'expliquais dans mon article, une légende veut que ce type de créature porte sur le front une pierre qu'elles ôtent quand elles vont se baigner, ce qui fournit l'occasion de le leur dérober. Donc, j'ai choisi de faire porter à Mélusine une ferronière.
Ca n'était pas plus bête qu'autre chose... Et puis, le fil de maintient de la ferronière a un aspect esthétique, lui aussi. On obtient pas le même effet avec une pierre seule.
ICI, la page-fiche d'un tableau de Vinci où l'on voit une ferronière
et ICI, pour voir le tableau en grand tout de suite.
Une ferronière ? Koikecé keça ?
C'est un bijou maintenu au milieu du front par un lien très fin. On peut comparer ça à un diadème, je suppose, et c'en est sûrement dérivé ! Seulement, le diadème est un cercle dur (d'orfèvrerie) ou souple (de tissu brodé) qui fait le tour de la tête, éventuellement orné de pierres. A l'origine, dans l'Antiquité, c'était un simple ruban dont on récompensait les athlètes vainqueurs et qu'ils se nouaient autour de la tête. Puis on a imaginé de faire des diadèmes ornés de tout un tas de trucs... La ferronière est ce qui reste quand on élimine au maximum le cercle autour de la tête (dur ou mou) en le rendant aussi discret que possible, pour ne conserver que la pierre posée sur le front (ou presque). Ce bijou n'est pas du Moyen-Age, mais de la Renaissance, mais on va pas chipoter des dates quand il s'agit d'une fée, hein ?
Il y a peut-être quelques relents du "troisième oeil" celtique, conservé par le folklore et la littérature médiévale, dans ce type de bijou. Lequel tilak et lequel 3° oeil ont sûrement des liens de parenté indo-européens...
On peut aussi penser que la ferronière s'est imposée pour mettre en valeur le joli front de ces dames, tout simplement.
Le bijou des dames du Quattrocento a eu descendance dans des bijoux dits "elfiques", tels que celui-ci (on en trouveaussi qui soient qualifiés de médiévaux... Et vive la mode heroic fantasy !)
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