- Soleil du nord
On dit que là-bas, quand il fait beau, les gens disent qu'il va pleuvoir.
On dit que là-bas, le soleil est mauvais présage.
Je devrais savoir si c'est vrai, je pense... Ou peut-être que non...
Peut-être que les quelques kilomères qui séparent l'intérieur des terres de la bande côtière font toute la différence, parce que le Nord que je connais voit parfois le soleil briller sans crainte de voir venir la pluie, alors même que les infos météo à la radio ou à la télé disent le contraire...
C'est vrai que, quand le ciel est sans nuages, là-bas, on ne voit pas briller les falaises de Douvres de l'autre côté de la mer. C'est vrai que quand le ciel est un peu marbré, c'est là que l'horizon est éclatant de splendeur. Le soleil là-bas n'aime pas attirer l'attention sur lui, peut-être.
A vrai dire, on profite mieux de la côte d'Opale quand le soleil n'est pas trop vif, ou bien quand il est tempéré par un peu de vent frais. On marche mal au soleil, et je déteste jouer les escalopes grillées sur la plage. Le soleil, là-bas est un brave gars timide et pas méchant.
Et puis... Le soleil, là-bas, même les jours de pluie, on pouvait le croiser les jours de fête dans les rues, autrefois.
Les femmes le portaient sur leur tête.
Un beau soleil de dentelle plissée et amidonnée, se dressant fièrement par on se demande bien quel miracle défiant sa majesté Eole qui, dans ces régions, ne prend jamais le temps de souffler (c'est à dire de cesser de souffler), même quand il veut bien être doux et tranquille...
Et que dire des jours où sa majesté Eole décide de montrer qu'il est, là-bas, en son royaume ? Il faut que les femmes de là-bas aient été bien fière pour le défier ainsi avec leurs fragiles bouts de dentelle blanche...
On connait surtout ceux des boulonnaises...
D'autres localités ont employé ce type de coiffes, mais Boulogne était une ville plus connue. Les auteurs parisiens, les journalistes, ont noté le détail. C'était un trait typique de cette région de province, autrefois... De nos jours, il y a à Boulogne sur Mer des enseignes qui reprennent la fameuse coiffe, et l'un des deux "géants" de la ville la porte aussi.
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