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Poussière de Lune / Atelier d'une gribouilleuse
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18 février 2009

La taverne de Diogène (1° épisode)

 

La taverne de Diogène est à ce jour bien connue là où il y a des tournois ou des foires. La bonne humeur de son patron y est pour beaucoup. L'apparence de la taverne, qui date à peu près du temps de la naissance dudit patron, y est pour bien plus.

Pour conter l'histoire de cette taverne, il faut remonter au temps où elle n'avait pas cette apparence et où personne ne la nommait la taverne de Diogène parce que, étant tenue par le grand-père de celui-ci, elle était alors la taverne du père Moniot.

Pourquoi le nommait-on ainsi, ce brave homme dont le prénom, oublié de tous sauf de sa femme quand elle était en colère, était « Innocent » ? Bien des raisons ont été avancées, et point toutes fort catholiques, disons-le. Quand à la taverne, c'était une taverne ambulante très ordinaire, montée sur une charrette que suivaient quatre mules souvent bien trop chargées. Le père Moniot conduisait la charrette. Sa femme et sa fille menaient les quatre mules attachées à la queue-leu-leu. Année après année, on les voyait se transporter de foire en tournoi et de tournoi en marché avec leurs tonneaux qui, il faut le reconnaître, étaient toujours de la meilleure qualité et jamais assez remplis pour n'être pas vidés plus vite que prévu. Quand à la cuisine de la taverne, pour être sommaire et faite sur un simple feu de camp, elle était toujours parfaite.

Le seul défaut que cette taverne aurait pu avoir, c'était la fille du tavernier, grosse, laide, empestant l'ail et le fromage, le cheveu gras et l'oeil bigleu, un pied tordu et l'esprit un peu lent à la détente. Encore fille à vingt-cinq ans, elle faisait lever les yeux et les bras au ciel à sa mère, quand à son père, il avait depuis longtemps renoncé à lui expliquer que les princes charmants vêtus de blanc ne s'arrêtent pas dans les tavernes.

- « Pendant ce temps-là, disait-il, elle ne fait pas de bêtises... »

Ce à quoi sa femme lui répondait invariablement:

- « Faudrait encore qu'elle trouve quelqu'un qui aie envie d'en faire avec elle. »

Tout vient à point à qui sait attendre.

Un soir de beuverie un peu plus prononcée que de coutume, et après quelques parties de dés plus ou moins désastreuses, le jeune Théophile, cinquième élément mâle d'une nombreuse fratrie, et destiné par cet état de choses à des études de théologie qui feraient de lui un de ces grands prélats qui disent en tous lieux ce qu'il est bon de faire ou de ne pas faire, se hasarda à tomber amoureux.

Le jeune homme n'avait pas précisément le profil parfait du prince charmant tout de blanc vêtu: il portait une cotte noire toute rèche et démodée depuis au moins soixante-dix ans, il avait un nez rien moins que crochu, assorti à ses joues creuses et à ses petits yeux orangés tout brillants. Ses bras étaient maigres comme des ceps de vigne, et une de ses chaussures laissait voir le gros orteil.

Chacun sait bien que l'amour est aveugle. Théophile, peut-être parce qu'il avait souvent le ventre creux, trouva charmante l'odeur d'ail et de fromage de Margot. Margot, peut-être parce que, comme son père et sa mère, elle portait des sabots, chose qui ne se crève pas, s'attendrit devant le gros orteil dépassant de la chaussure trouée.

Vous l'aurez compris: quand la taverne du père Moniot se remit en marche, elle emportait avec elle le petit clerc Théophile et ses maigres hardes. Il épousa Margot à la première chapelle venue et dès lors, à chaque printemps, la charrette se chargea d'un passager supplémentaire.

La science des chiffres et des lettres de Theophile aida Moniot à tenir mieux ses affaires et après avoir augmenté le nombre des mules afin de porter plus de marchandises et de porter aussi les enfants (rien que des filles, sacrebleu!), on se décida, une année, à acheter une deuxième charrette.

Quand la décision se prit, Margot, entourée de sa mère et de ses neuf filles, préparait la venue du dixième morveux de la famille et Moniot sentait venir qu'à ce train, à force de transporter des habits et autres affaires pour tout le monde, on allait plus pouvoir transporter de marchandises. Pour un peu, il aurait regretté le temps où sa fille était vieille fille.

Théophile, se sentant sans doute un peu coupable, ne disait rien et brossait les sabots des mules avec acharnement, montrant à ses filles ainées comment faire pour que ça soit bien propre et pour que la bête ne file pas un coup de pied en traître pendant qu'on ne regarde pas.

La venue du premier garçon de la fratrie fut un terrible choc. Personne ne s'y attendait. A tel point que le seul prénom envisagé était « Roseline » et qu'il ne convenait, à l'évidence, pas du tout.

C'est alors que les yeux de Théophile se portèrent sur un énorme tonneau qu'on évacuait d'une taverne (une taverne ordinaire celle-là, avec des murs et une cave), un gigantesque tonneau vide où le duc Guillaume aurait facilement pu faire entrer une vingtaine d'hommes en armes.

Il alla vers le tavernier qui supervisait les opérations, discuta un peu avec lui, puis revint.

- « Mon fils s'appelle Diogène, Père Moniot, et si ça ne te fait rien, nous allons installer notre taverne dans un tonneau. »

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Commentaires
Séléné.C, illustratrice.
Ou gribouilleuse, si vous préférez. Moi, je le ressens souvent comme ça. Mes doigts sont comme incapables de se tenir tranquilles. Si je n'ai pas un crayon et un papier, ou à défaut du fil et une aiguille, ou peut-être un clavier, ils vont sûrement tricoter dans le vide... 
Mais ça ne se présente pas souvent.
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